Ville, Agglomération, Région
C’est par un jour très froid de décembre 1969 qu’arrive à Montpellier un tout jeune agrégé de droit s’apprêtant à donner ses premier cours à la faculté de droit et des sciences économiques.
Il connaît déjà la ville pour y avoir réalisé en 1956, sa préparation à HEC au lycée Joffre. Treize ans après, la ville n’avait pas changée. Il se souvient du coup de foudre qu’il avait alors éprouvé, goûtant « le charme extraordinaire qui émanait de cette ville, la douceur de ses vieilles rues médiévales ».
La ville est certes belle mais assoupie, sans vision d’avenir. Georges Frêche qui a rejoint la section socialiste bien maigrelette, se demande comment réveiller la cité et la faire passer du XIXè au XXè siècle. Au fil des années, au fil des rencontres, un projet ambitieux va naître et bouleverser toute sa vie et celle de Montpellier.
En 1973, François Mitterrand, premier secrétaire du Parti Socialiste, avait repéré ce jeune universitaire prometteur.
Il lui proposa le poste de Secrétaire National aux Libertés Publiques, poste parmi les plus recherchés dans l’organigramme du Parti Socialiste. Georges Frêche refusa poliment et fermement, expliquant à François Mitterrand qu’il entendait privilégier un enracinement local en terre languedocienne avant tout parcours parisien. Mitterrand irrité lui prédit qu’il ne serait jamais maire de Montpellier !
Au printemps 1973, déjouant les pronostics les plus pessimistes, accompagné d’une petite équipe très motivée, il bat le député sortant RPR de la 1ère circonscription de l’Hérault. Une victoire symbolique pour la gauche qui n’avait rien connu de tel depuis le Front populaire en 1936 !
Georges Frêche développe sa perception, déjà visionnaire, d’une nouvelle économie autour d’une viticulture de qualité et d’un tourisme en quête de devenir. Il récolte au passage quelques remarques acérées des autres grands élus héraultais. Premières inimitiés… le jeune parlementaire devient Président du Conseil de Rivage Méditerranéen, avec pour objectif principal la préservation du patrimoine naturel littoral et de porter un coup d’arrêt à la spéculation foncière qui projette déjà de bétonner le Petit Travers et les Aresquiers (Hérault), et en sera le premier Président.
Lui qui s’est battu dans sa jeunesse pour la décolonisation découvre sur le terrain la réalité faite aux rapatriés d’Algérie souvent en situation précaire et celle des harkis abandonnés cyniquement en 1962 et parqués dans des habitations insalubres. Il en fera son combat au Parlement et auprès du Parti Socialiste et son honneur, dans sa ville, pour leur proposer des logements décents.
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