Engagement

Election présidentielle 1981 : meeting d'entre deux tours à Montpellier

Son engagement politique le porte à adhérer au courant socialiste, au moment où sous l'impulsion de François Mitterrand, va naître le nouveau Parti Socialiste :

 

Il est assez exemplaire d'une génération de jeunes intellectuels qui voient dans cette création (ou re-création) l'outil nécessaire à une profonde réorganisation du pays. Pourtant, dans les sommets de ce parti, les conflits ne sont pas minces et, sur le terrain, les caciques de l'ancienne SFIO ne cèdent pas toujours volontiers la place.

Quand il arrive à Montpellier pour occuper sa chaire, il se trouve sur un territoire bien structuré où il va falloir qu'il taille sa place. Il conquiert le siège de député en 1973, puis la Mairie en 1977 contre toute attente, dans un monde où les "nouveaux" ne sont pas toujours facilement admis. Les conflits seront d'ailleurs assez prompts à se manifester dans l'équipe municipale, comme dans le parti lui-même, dans un conflit avec François Mitterrand qui trouve son apogée au moment du Congrès de Metz où se dessinent les alliances majeures de la future prise de pouvoir à l'échelle du pays. De là, l'exclusion de toute responsabilité ministérielle, au moins à trois moments, pour un homme qui désormais, ne devra que s'attacher à se construire une dimension locale et régionale, réussie et parfaitement connue.

 

Jusqu'en 2007, date de son exclusion du Parti Socialiste, Georges Frêche ne cessera de développer une indépendance d'esprit qui le fait remarquer mais qui, en même temps, lui enlève toute chance d'un destin national.

 

Cette passion d'indépendance, qu'il manifeste dans le choix d'un métier où il n'y a pas de supérieur hiérarchique (le métier d'universitaire, ou comme il le disait dans un langage plus classique, de "professeur de Faculté") l'entraînera à soulever des débats et des polémiques au sein même de son parti, et évidemment dans le champ médiatique français.

A contre courant, il l'est souvent, mettant en avant des propositions considérées comme iconoclastes, souvent par anticipation : comme le renforcement des forces de police et le souci de prendre en compte l'insécurité qui n'était pas qu'un "sentiment" ; ou en réussissant à conjuguer une action indéniablement populaire avec l'aide aux entrepreneurs dans un esprit "social-libéral" comme il aimait à le souligner ; ou en dépassant l'opposition entre culture de masse et culture de privilégiés grâce à une formidable intuition de ce que pouvait être une action nouvelle.

 
Il faut saborder le PS, 2007

Un thème retiendra enfin l'attention : lui, qui était un Républicain convaincu, sensible à l'unité de la Nation et favorable à un gouvernement "jacobin", se prononcera sans hésiter pour une décentralisation poussée. Il écrivait qu'il était un "jacobin décentralisateur".

 

Son projet était de supprimer les départements et de renforcer deux niveaux pertinents de la carte administrative, celui des Agglomérations et celui des Régions, afin de pouvoir prendre place dans une Europe où ce schéma était depuis longtemps pratiqué. Ce projet se justifiait, à ses yeux, tant par des raisons économiques de développement que par une logique démocratique rendant plus solidaires des populations émiettées et privées d'une véritable liberté de peser sur les choix de l'avenir.

A la fin de sa vie, il ira jusqu'à proposer la fin, non seulement du Parti Socialiste, englué pour lui dans une social-démocratie qui avait fait son temps, mais même avec le concept même de Parti, tel que le XIX° siècle l'avait construit. Dans un de ses textes, Georges Frêche déclare que le Parti Socialiste a le choix entre deux projets : soit être un "parti prophétique" (c'est-à-dire un parti purement idéologique sans contact avec le monde réel), soit un parti de gouvernement. Pour ce faire, il doit alors se réformer et accepter non seulement des alliances avec le Centre sans lequel il n'a pas de majorité, mais aussi de se constituer comme un parti à l'américaine. Il prévoit même, de manière anticipée, les élections ouvertes à tous pour désigner le candidat aux élections présidentielles. Cette anticipation étonnante montre que, chez Georges Frêche, le sens pratique l'emportait toujours sur la rigueur idéologique.

Sur la base de sa victoire pour le renouvellement de son mandat régional, ayant même eu contre lui une liste construite par le Parti Socialiste, il annonce sa volonté de travailler au renouveau des formes d'engagement politique, en cherchant à "inventer" une nouvelle manière, non partisane, selon laquelle les combats politiques seraient menés.

 
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