L'étudiant

Georges Frêche, 19 ans

Adieu le Sud pour treize ans. Le voilà parisien.

 

« J’ai préparé le concours d’entrée à Stanislas, près du boulevard Raspail et au lycée Saint Louis. J’étais passionné par l’histoire et la géographie, l’économie et le management. HEC était un bon choix,  le  kaléidoscope des matières me séduisait et surtout c’était une école prestigieuse … à Paris, préparant à la bataille économique ! ».

Il mène alors une vie monastique pour préparer le concours d’entrée.

« Chaque jour, je me levais à quatre heure du matin et travaillais comme un fou jusqu’au soir. Seule détente dans la semaine, les deux heures passées au Centre culturel américain du boulevard Raspail. » 

En 1958, il intègre la grande école tout en continuant à étudier l’histoire à la Sorbonne et le droit rue d’Assas. Il suit aussi des cours du département « Economie et Société » de la VIème section de l’Ecole pratique des hautes études. Il a comme professeur Emmanuel Le Roy-Ladurie, François Furet… 

L’étudiant Georges Frêche à Toulouse et à Paris s’engage à gauche, tout d’abord auprès des franciscains de Frères du monde passionné par le Tiers monde où pendant dix ans il sera le laïc de service. Il s’investit dans la création d’une association culturelle et d’amitiés entre la France et la Chine, fleurte avec le maoïsme, jusqu’à s’en détacher totalement, au moment de la Révolution Culturelle.

Il s’engage aussi dans le syndicalisme étudiant à l’UNEF. Il apprend à prendre la parole en public devant des centaines de personnes, à organiser une grève.  Une vraie école de vie qui forgera son destin…

 
Georges Frêche avec ses camarades d'HEC

Bien qu’ayant réussi son diplôme d’HEC il conservera  de cette filière un regard critique.

 

« Si j’ai beaucoup appris, je ne me plaisais guère. Nombre d’étudiants issus de la grande bourgeoisie parisienne méprisaient tout ce qui sentait la province (…) Selon l’expression de Guizot reprise par Marx, j’ai eu une réaction de classe. Une réaction plus proche de l’esprit de la Révolution de 1789 que de celui d’octobre 1917.

Ces gens là, « ceux du Château » ne m’intéressaient pas. Moi, j’étais bien avec le peuple au sens noble, celui de Michelet. J’étais aux cotés de ces curés, de ces paysans qui brulaient les droits féodaux en 1789. Si je n’ai pas été admis au sein de leur caste, je n’ai fait aucun effort pour m’y intégrer. Mes seuls amis à HEC étaient des Bretons, des Alsaciens, des gens du Nord, les Chtimis et les étudiants originaires du Languedoc, de Provence ou d’Aquitaine ».

Très curieux et un brin provocateur, Georges Frêche sera le seul de sa promotion à faire un stage en URSS, en Crimée à Simferopol, dans une usine de rechapage de pneus. Il écrit dans son rapport de stage, que « le fonctionnement de l’usine était catastrophique ! ».

 
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